Contrat d’engagement jeune : « La valeur ajoutée tient dans la multiplicité des services proposés »

Un directeur d’agence France Travail et un jeune reviennent sur le Contrat d’engagement jeune (CEJ) plus de six mois après sa mise en place. Le jeune bénéficie d’un suivi important et régulier et il profite d’un large éventail de services dans le cadre du CEJ. L’aide financière apportée contribue aussi à la valeur ajoutée du dispositif.

« Le jeune en CEJ se trouve dans des conditions très favorables. »

Pascal Thuillier, directeur de l’agence France Travail à Forbach (Moselle)

Après 6 mois d’expérience, quel bilan tirez-vous du CEJ ?

Pascal Thuillier : C’est un succès ! Le CEJ est l’une des trois options proposées aux jeunes, avec l’Accompagnement Intensif Jeune et le transfert en co-traitance avec la Mission locale du Bassin Houiller. Cette dernière suit aujourd’hui 250 jeunes en CEJ et nous, dans nos deux agences de Forbach, nous en suivons 151. Ce sont donc en tout 400 jeunes qui sont entrés en CEJ sur le territoire. L’idée est de travailler de façon collaborative et intégrée avec la Mission locale pour avoir une offre de services qui soit la plus aidante pour le public jeune.

Quels en sont les points positifs ?

P. T. :
C’est un dispositif adapté au profil de chaque jeune. En fonction de son parcours et de son ambition, on l’orientera vers un CEJ. Un atout fondamental est que les propositions sont très nombreuses. Nous disposons actuellement d’une cinquantaine d’ateliers, qui vont des ateliers traditionnels dédiés au CV ou à l’entretien à des actions innovantes, comme celles liées à la gestion du stress, avec un atelier théâtre qui permet de travailler le positionnement face à l’employeur. Cet atelier se fait avec l’école de théâtre de Forbach. Autre action innovante : l’introduction à la sophrologie. Cette méthode est proposée aux jeunes qui rencontrent des difficultés dans la gestion de leurs émotions. Nous proposons également un escape game adapté aux différents métiers notamment ceux en tension. La force du CEJ est d’avoir coordonné les actions menées en faveur des jeunes et de les avoir boostées. L’application CEJ est aussi très appréciée des jeunes et complètement nouvelle. Elle permet un suivi étroit par un conseiller, les jeunes pouvant aisément échanger avec leur interlocuteur.

Quels sont les avantages pour l’employeur ?
P. T. :
Nous proposons beaucoup d’immersions dans les entreprises à ces jeunes en CEJ, ce qui est intéressant pour les employeurs. En deux jours, ils découvrent un métier et ont un premier contact avec une entreprise. Autre avantage : France Travail garantit à l’employeur certaines caractéristiques des profils de jeunes en CEJ. Ces derniers ont généralement un vrai engagement, une vraie volonté d’aller vers l’emploi, ce qui est appréciable pour les employeurs. Nous ne pouvons pas leur garantir que le jeune dispose de l’intégralité des soft skills mais nous savons qu’il aura la motivation, l’envie, et sera donc plus facilement intégrable.

Si une entreprise est intéressée par le CEJ, quelle démarche doit-elle effectuer et auprès de qui ?
P. T. :
Les agences France Travail disposent d’équipes dédiées à 100 % aux entreprises. Chaque entreprise a un conseiller, par secteur ou par territoire. Lorsqu’elles ont un besoin, elles contactent le conseiller en question qui pourra les orienter avec des dispositifs comme le CEJ pour recruter des jeunes.

Quelle est la spécificité du CEJ par rapport aux outils existants ?
P. T. :
Une allocation versée durant l’accompagnement. Le jeune s’engage à réaliser un certain nombre de choses – dont les ateliers – en termes d’heures, et à côté il perçoit une allocation versée en début de mois pour libérer des freins à la recherche d’emploi comme l’accès à la mobilité – prendre un bus pour venir aux ateliers – ou payer son loyer. Le jeune en CEJ se trouve ainsi dans des conditions favorables, à la fois en termes d’offre de services et de sécurité financière. S’il a moins de 18 ans, l’allocation est de 312 euros et s’il a plus de 18 ans, de 520 euros. Il pourra aussi bénéficier du dispositif Retec en vue de passer son permis.


 

*********

 

« Le CEJ est un suivi personnalisé et intensif. »

Julien Piazza, 22 ans, en CEJ

Pouvez-vous nous expliquer le CEJ en quelques mots ?
Julien Piazza :
C’est un suivi personnalisé et intensif. Le jeune en CEJ a beaucoup de rendez-vous pour l’aider à trouver du travail. On suit différents ateliers plusieurs fois par semaine, par exemple pour booster la confiance en soi ou apprendre à valoriser son image professionnelle. Il y a aussi des formations sur la recherche d’emploi. Dès qu’on entre dans le dispositif, on doit faire un minimum d’heures d’ateliers.
Dans le même temps, j'ai profité d’un accompagnement très régulier d’une conseillère, notamment via l’application. Cela m’a permis d’ajuster mes besoins pour les ateliers et la conseillère m’a aidé à repérer des offres qui pourraient coller à mon profil. C’est d’ailleurs elle qui a trouvé l’offre de poste de l’entreprise où je suis maintenant. La conseillère a ensuite continué de me suivre durant la période d’essai. À présent, je suis en CEI, c’est une forme de CDI tripartite entre l’entreprise, France Travail et moi. Ça va durer neuf mois et normalement je resterai après avec l’entreprise.

Pourquoi as-tu eu recours à un CEJ ?
J. P. :
J’avais passé un an à chercher du travail mais je ne savais pas comment m’y prendre, comment préparer les entretiens d’embauche, ni à quelle offre postuler.
J’ai un BTS « Gestion de la petite et moyenne entreprise » mais je n’avais pas d’expérience. Je rencontrais également des difficultés financières qui étaient un vrai obstacle dans ma recherche d’emploi. Or le dispositif fournit une aide financière. Je n’avais pas non plus de permis de conduire et le CEJ m’a aidé à financer les cours de conduite.

Les ateliers t’ont-ils redonné confiance ?
J. P. :
Oui vraiment. Les ateliers théâtre, par exemple, m’ont permis d’être moins intimidé par les recruteurs. Pendant toute la recherche et les ateliers, on nous donne des codes sur comment se comporter, c’est très utile !

Que fais-tu à présent ?
J. P. :
Je suis assistant administratif au service RH du groupe DIETPLUS, spécialiste du rééquilibrage alimentaire. Concrètement, je m’occupe de la préparation salariale, la saisie des congés ou encore des arrêts maladie et de la visite médicale. J’ai pris des responsabilités petit à petit et je suis épaulé par ma responsable. Dès mon arrivée dans l’entreprise, j’ai voulu rester. C’est une opportunité en or d’être assistant RH. Et l’ambiance est très sympathique dans l’entreprise.