Les démissions qui donnent droit à l'allocation chômage

Vous envisagez de démissionner ? Si vous décidez de rompre votre contrat de travail, vous ne pourrez, en principe, pas recevoir l’allocation chômage. Des exceptions sont toutefois admises par la réglementation. Certaines démissions permettent l'indemnisation par Pôle emploi, dans des circonstances et à des conditions bien précises. On vous explique !

Je veux démissionner pour raison pro 582

LE PRINCIPE : PAS D'INDEMNISATION SUITE À UNE DÉMISSION

Si vous démissionnez, vous ne pourrez, a priori, pas bénéficier de l’allocation chômage puisque c’est vous-même qui êtes à l’initiative de ce chômage. Toutefois, dans certaines situations, il est possible d'être indemnisé par Pôle emploi suite à une démission.
La réglementation distingue plusieurs situations : 

  • Les cas de démissions considérées comme "légitimes" ;
  • Les démissions dans le cadre d'un projet de reconversion professionnelle ; 
  • Certaines démissions en cours d'indemnisation ;
  • Les abandons de poste assimilés à des démissions ;
  • Les démissions après réexamen par l'instance paritaire régionale (IPR).

SI JE METS FIN A MA PERIODE D'ESSAI, AI-JE DROIT A L'ALLOCATION CHOMAGE ?

La rupture de la période d’essai par le salarié s’apparente à une démission.
Si vous rompez votre contrat de travail durant la période d’essai, vous n’aurez donc pas le droit à l’allocation chômage.
Toutefois que vous pouvez prétendre à l’indemnisation si la rupture de votre période d’essai s’inscrit dans une des situations évoquées ci-dessous. 

LES DéMISSIONS DITES "LEGITIMES"

Plusieurs cas de démissions, considérées comme "légitimes" par la réglementation, peuvent donner droit à indemnisation par Pôle emploi. 
Cette liste est limitative et compte 17 cas différents (retrouvez les justificatifs à fournir selon les cas dans le tableau ci-dessous).

QUELS JUSTIFICATIFS FOURNIR POUR QUELLE DEMISSION?

Cas de démission dite légitime Justificatifs à fournir
1. Mariage ou Pacs accompagné d'un changement de lieu de résidence
Bon à savoir : la démission doit se situer dans les 2 mois du mariage ou du Pacs (avant ou après). 
- Livret de famille, extrait ou copie de l’acte de mariage ou attestation d’inscription de la déclaration au greffe du tribunal judiciaire (avec noms, prénoms, date et lieu de naissance et date de l’enregistrement du Pacs).
- Un justificatif de domicile de l’ancien et du nouveau lieu de résidence (facture, bail…).
2. Démission pour suivre son conjoint qui change de lieu de résidence pour exercer un nouvel emploi salarié (ou non)
Bon à savoir : à la fin du contrat de travail suite à votre démission, inscrivez vous à l'agence Pôle emploi de votre nouveau lieu de résidence, et non de celle de votre précédente résidence. Faute de quoi, vous ne pourrez pas faire valoir ce motif de démission légitime et être indemnisé.
- Qualité d’époux : copie du livret de famille, copie ou extrait de l’acte de mariage (moins de 12 mois), acte notarié récent ou le dernier avis d’imposition.
- Qualité de partenaire : attestation d’inscription récente (moins de 12 mois) de la déclaration au greffe du tribunal judiciaire (mention importante : noms, prénoms, date et lieu de naissance, date d’enregistrement du PACS) ou dernier avis d’imposition.
- Qualité de concubin : certificat de concubinage ou quittance de loyer ou tout autre justificatif de résidence de vie commune (les justificatifs doivent être antérieurs à la démission).
- Ordre de mutation ou contrat de travail ou bulletin de salaire ou attestation employeur ou extrait kbis ou inscription au CFE (pour les non salariés).
- Un justificatif de domicile de l’ancien et du nouveau lieu de résidence (facture, bail…).
3. Clause « de couple ou indivisible » - Contrat de travail qui doit comporter une clause de résiliation automatique.
- Attestation employeur de l’autre titulaire du contrat afin de vérifier que le départ volontaire résulte du licenciement, d’une rupture conventionnelle ou de la mise à la retraite de ce dernier.
4. Mineur qui quitte son emploi pour suivre ses parents - Un justificatif de domicile de l’ancien et du nouveau lieu de résidence des ascendants.
- Qualité de parent : s’il s’agit d’un tiers, document justifiant de l’autorité parentale.
5. Majeur "protégé" (sous tutelle, curatelle ou sauvegarde de justice) qui démissionne pour suivre son tuteur, curateur ou mandataire. - La décision judiciaire désignant un « parent » comme mandataire spécial, tuteur ou curateur.
- Un justificatif de domicile de l’ancien et du nouveau lieu de résidence du majeur protégé.
- Un justificatif de domicile du « parent » mandataire spécial, tuteur ou curateur.
6. Enfant handicapé admis dans une structure d’accueil hors du lieu de résidence - Livret de famille.
- Attestation de la structure d’accueil de la prise en charge de l’enfant handicapé.
- Un justificatif de domicile de l’ancien et du nouveau lieu de résidence (facture, bail…).
7. Victime de violences conjugales, imposant un changement de résidence - Plainte déposée auprès du Procureur de la République.
- Citations directes devant le tribunal.
- Plainte avec constitution de partie civile devant le juge d’instruction.
- Plainte déposée auprès d’un commissariat ou d’une gendarmerie.
- Un justificatif de domicile de l’ancien et du nouveau lieu de résidence (facture, bail…).
8. Démission d'un nouveau contrat avant que ne se soient écoulés 65 jours travaillés, suite à un licenciement, une rupture conventionnelle ou une fin de CDD - Attestation employeur.
- Attention : vous ne devez pas avoir été inscrit comme demandeur d’emploi entre cet avant-dernier emploi et la nouvelle période d’activité salariée rompue à votre initiative.
9. Démission après 3 années d’affiliation sans interruption, suivie d’un CDI auquel l'employeur met fin dans les 65 premiers jours travaillés - Attestation employeur.
10. Echec dans la création ou la reprise d’une entreprise - Immatriculation au répertoire des métiers.
- Déclaration au Centre de formalités des entreprises.
- Extrait K (personne physique) ou Kbis (personne morale).
- Preuve des difficultés de l'entreprise (difficultés financières attestées par un cabinet comptable, etc.).
11. L'employeur ne verse pas de salaire malgré une décision de justice - Ordonnance de référé allouant une provision de sommes correspondant à des arriérés de salaires.
- Ordonnance condamnant l’employeur au versement d’une provision sur les salaires suite à l’introduction de sa demande devant le bureau de conciliation des prud’hommes.
- Jugement d’une juridiction prud'homale allouant une provision correspondant à des arriérés de salaire ou condamnant l’employeur au versement de créances salariales.
-Toute décision de justice condamnant l’employeur à verser les salaires à son salarié.
12. Victime d'un acte délictueux dans le cadre du contrat de travail - Copie de la plainte ou récépissé de dépôt de celle-ci auprès du Procureur de la République.
- Citation directe (saisie directe du Tribunal de Police ou Correctionnel si contravention ou délit).
- Plainte déposée auprès d’un commissariat de police ou d’une gendarmerie.
13. Fin de contrat d’insertion par l’activité pour occuper un emploi ou une action de formation - Contrat de travail de l’emploi repris.
- Attestation employeur de l’emploi repris.
- Attestation relative à la formation (entrée, présence).
14. Fin de contrat unique d’insertion (contrat d’accompagnement dans l’emploi pour le secteur non marchand, ou un contrat initiative emploi concernant le secteur marchand) pour un emploi en CDI ou CDD d’au moins 6 mois, ou pour suivre une action de formation qualifiante - Contrat de travail de l’emploi repris.
- Attestation employeur de l’emploi repris.
 - Attestation relative à la formation (entrée, présence).
15. Suite à un contrat de service civique, ou de volontariat de solidarité internationale, ou de volontariat associatif (pour au moins un an) - Attestation par l’association qui a engagé l’intéressé précisant la qualité de volontariat de solidarité internationale ou volontariat associatif d’une durée continue minimale d’un an.
- Attestation de service civique.
16. En tant que journaliste : suite à des problèmes de conscience professionnelle ou d’orientation politique Attestation employeur comportant les précisions nécessaires.
17. En tant qu’assistant(e) maternel(e) : suite au refus de l'employeur de procéder aux vaccinations légales de son enfant Lettre de démission ou attestation sur l’honneur mentionnant ce motif.

DÉMISSIONS POUR UN PROJET DE RECONVERSION PROFESSIONNELLE

  • Les démissionnaires qui ont un projet de reconversion professionnelle réel et sérieux peuvent avoir accès à l’allocation chômage, sous conditions. 
  •  Avant de démissionner, vérifiez que vous remplissez toutes les conditions et prenez connaissance de toutes les étapes. 
Vérifiez si vous remplissez les conditions sur le site demission-reconversion.gouv.fr.

DéMISSIONS EN COURS D'INDEMNISATION

Si vous étiez en cours d'indemnisation par Pôle emploi au moment de votre démission, le versement de votre allocation n'est pas suspendu dans 3 cas :

  • Si vous justifiez de moins de 65 jours (et 455 heures) travaillés depuis votre ouverture de droit ;
  • Si le contrat duquel vous avez démissionné a duré moins de 8 jours calendaires ;
  • Si le contrat duquel vous avez démissionné a représenté moins de 17 heures par semaine. 

Les abandons de postes assimilés à des démissions

Désormais, un abandon de poste pourra être assimilé à une démission au regard de vos droits à l'assurance chômage.
Cette présomption de démission n'est toutefois pas systématique.

  • Il faut pour cela que votre employeur vous ait mis en demeure de justifier votre absence et de reprendre votre poste (par lettre recommandée ou remise en main propre contre décharge).
  • Si vous avez une raison légitime (ex: raisons médicales, exercice du droit de grève, modification du contrat de travail à l'initiative de l'employeur, etc.), votre abandon de poste ne sera pas assimilé à une démission.
  • Dans le cas contraire, ou si vous ne répondez pas à la mise en demeure dans un délai de 15 jours à compter de la mise en demeure, la fin du contrat de travail sera assimilée à une démission.

RÉEXAMEN DE LA SITUATION APRES 4 MOIS DE CHOMAGE

Si vous avez démissionné, mais que votre situation ne correspond à aucune des cas de démission ci-dessus, vous pourrez demander un réexamen de votre situation et le bénéfice de l'allocation chômage à l'instance paritaire régionale (IPR). Cette instance de Pôle emploi est composée de manière paritaire (représentants syndicaux et patronaux). 

  • Il vous faudra pour cela patienter 4 mois (soit 121 jours) sans allocation chômage.
  • Vous devrez présenter à l'IPR les efforts déployés pour retrouver un emploi durant ces 4 mois.
  • L'IPR pourra décider de vous attribuer ou non une allocation à compter du 122e jour.
  • En cas de réponse positive, l’allocation est attribuée à partir du 5e mois suivant la démission, aux mêmes conditions qu’une ouverture de droit normale.

TABLEAU RéCAPITULATIF : LES DéMISSIONS QUI DONNENT DROIT à ALLOCATION

Cas de démissions Conditions d'indemnisation
Démissions dites légitimes - Mariage ou Pacs accompagné d'un changement de lieu de résidence.
- Conjoint qui change de lieu de résidence pour exercer un nouvel emploi ou pour un autre motif professionnel.
- Clause « de couple ou indivisible ».
- Mineur qui quitte son emploi pour suivre ses parents.
- Tutelle, curatelle ou sauvegarde de justice.
- Enfant handicapé admis dans une structure d’accueil hors du lieu de résidence.
- Victime de violences conjugales, imposant un changement de résidence.
- Après un licenciement, une rupture conventionnelle ou une fin de CDD, démission d'un nouveau contrat avant que ne se soient écoulés 65 jours travaillés.
- Après 3 ans d’affiliation continue, démission d'un CDI auquel l'employeur met fin dans les 65 premiers jours travaillés. 
- Echec dans la création ou la reprise d’une entreprise.
- L'employeur ne verse pas de salaire, malgré une décision de justice.
- Victime d'un acte délictueux dans le cadre du travai.
- Fin de contrat d’insertion par l’activité pour un emploi ou une action de formation.
- Fin de contrat unique d’insertion pour un emploi en CDI ou CDD d’au moins 6 mois, ou pour suivre une action de formation qualifiante.
- Suite à un contrat de service civique ou de volontariat (pour au moins un an).
- En tant que journaliste : suite à des problèmes de conscience professionnelle ou d’orientation politique.
- En tant qu’assistant(e) maternel(e) : suite au refus de l'employeur de procéder aux vaccinations légales de son enfant.

Démissions suite à un projet de reconversion professionnelle 
Avant de démissionner, consultez les conditions et étapes sur www.demission-reconversion.gouv.fr.
Démissions en cours d'indemnisation  - Moins de 65 jours travaillés et moins de 455 heures depuis l'ouverture de droit à l’assurance chômage.
- Contrat de travail de moins de 8 jours calendaires.
- Contrat de travail de moins de 17 h par semaine.
Démissions suite à réexamen par l'IPR Décision d'attribution de l'allocation possible à compter du 122e jour.

Vous pouvez calculer la durée du préavis de démission sur le site du Code du travail numérique.