Le Pass’Transport, un sésame pour devenir conducteur poids lourds

En partageant avec l’ensemble des partenaires (Fédération du transport, Geiq, Opco Mobilités) le constat d'un manque de conducteurs poids lourds, l'agence Pôle emploi de Chalon centre a mis en place le Pass'Transport, un process en trois étapes qui permet d’intégrer rapidement des profils de candidats. Les résultats sont convaincants.

« Ce projet est le fruit d'un partenariat qui fonctionne très bien entre Pôle emploi et les entreprises de la branche, avec un objectif commun et des résultats tangibles. »

Fabien Philippe, chargé de recrutement au sein de la société Transports Brevet

Des postes ouverts à tous les profils

« Le métier de conducteur poids lourds a bien changé, la conduite n'est qu'une part d'un vaste monde méconnu du grand public, c'est aussi le savoir être, la relation clientèle », explique Aude Dumont, conseillère entreprise à Pôle emploi Chalon centre. « Pour séduire une nouvelle génération vers une profession qui offre de belles opportunités, riche de sens et pérenne dans le temps, l'idée était d'attirer des personnes qui ne sont pas du métier mais souhaitaient s'engager dans cette voie. » Trois temps ont été instaurés par Pôle emploi pour y parvenir. « Nous mettons en place un Pass’Transport le premier mercredi du mois où l'on reçoit les candidats simplement titulaires du permis B, en présence de représentants d'une entreprise, différente à chaque fois, pour parler à deux voix du secteur et du quotidien du métier. » Un point jugé essentiel par Fabien Philippe, formateur/ chargé de recrutement au sein de la société des transports frigorifiques Brevet implantée à Crissey (71), et qui dispose d'une flotte d'une centaine de camions pour 130 conducteurs. « Il s'agit de balayer les idées reçues ou l'image d'Épinal, être chauffeur poids lourd ce n'est plus d'aller d'un point A à un point B, c'est plus technique, et c'est aussi un job ouvert aux femmes qui représentent maintenant 10 % des effectifs chez Brevet. » Les candidats potentiels sont ensuite reçus individuellement par Pôle emploi et par l'entreprise qui représente la branche car elle n'est pas là en qualité de recruteur, même si un coup de cœur est toujours possible. « On fait alors le point sur leur projet, on croise nos impressions, indique Aude Dumont, et le vendredi suivant, les postulants sont mis en situation via la méthode de recrutement par simulation (MRS) testée dès 2018 par les entreprises, avec laquelle on va chercher par exemple des aptitudes à la communication, à la compréhension, à la logique, au calcul de tonnages, au repérage. » Une phase fondamentale selon Fabien Philippe. « On détecte ainsi leur capacité à comprendre clairement des consignes, à lire un plan, une carte routière. »

Un poids lourd du recrutement

L'immersion en entreprise constitue la troisième phase du projet au cours de laquelle il appartient aux candidats d'effectuer une démarche personnelle, de faire un « vis ma vie » pour s'imprégner du quotidien du conducteur. « Pour se faire une idée, et s'orienter vers du poids lourd ou super lourd, un ou deux jours suffisent chez Brevet », précise Fabien Philippe. Ensuite Pôle emploi accompagne les candidats jusqu'à leur entrée en formation, 3 mois par exemple pour le porteur, jusqu'à 6 mois pour un permis CE. Le bilan est éloquent. Depuis octobre 2018, Pôle emploi Chalon centre a reçu plus de 300 candidats, 118 ont été validés, 102 sont entrés en formation, et sur les 88 personnes qui ont terminé leur formation, 80 travaillent en qualité de conducteur poids lourd ou super lourd. « Brevet a depuis réalisé, en partenariat avec Pôle emploi, sept embauches en CDI, et ces personnes sont toujours chez nous, se félicite Fabien Philippe, ce Pass'Transport c'est vraiment la bonne idée qui fonctionne, on y croit, et je continuerai à m'investir et à me rendre disponible au côté de Pôle emploi. »