« Le groupe de bijouterie-horlogerie Humm, qui compte 24 enseignes dans toute la France, a ainsi choisi de ne plus se baser seulement sur l’expérience pour recruter. »
« 90% des AFPR débouchent sur un CDI. C’est un partenariat gagnant-gagnant. »
Vérifier les savoirs-être de demandeurs
La vente en bijouterie manque de demandeurs d’emploi déjà qualifiés. « Auparavant, ce secteur ne ressentait pas de difficulté de sourcing, remarque Franck Lescoffier, conseiller Pôle emploi. Mais aujourd’hui, si on recherche simplement “vendeuse en bijouterie”, notre fichier ne propose plus assez de candidats potentiels. »
Cependant, des demandeurs possèdent déjà des aptitudes dans la communication, dans le relationnel, ou dans la vente. Ils peuvent être d’anciens employés de la restauration, qui ont quitté ce secteur à cause d’emplois du temps trop exigeants.Le groupe de bijouterie-horlogerie Humm, qui compte 24 enseignes dans toute la France, a ainsi choisi de ne plus se baser seulement sur l’expérience pour recruter. « Mais l’entreprise doit alors vérifier les capacités d’apprentissage et les savoirs-être de la personne qui ne connaît pas la vente en bijouterie », détaille Franck Lescoffier.
Ces contraintes impliquaient de recourir à une Action de formation préalable au recrutement (AFPR). Christel Gosselin, animatrice réseau au sein du groupe Humm, et Franck Lescoffier collaborent depuis huit ans sur ce dispositif. La responsable utilise cet outil pour les quatre bijouteries La Perle à Mulhouse, mais aussi, et depuis peu, pour toutes les enseignes en France. « 90% des AFPR débouchent sur un CDI, se félicite Christel Gosselin. C’est un partenariat gagnant-gagnant. Pôle emploi sait bien qu'on n'est pas là pour profiter de personnel gratuit pendant un mois. »
Un dispositif dématérialisé
Au début, le dispositif fonctionnait sur papier, mais l’entreprise et les conseillers Pôle emploi se sont approprié les outils digitaux. Tout est dématérialisé, aujourd’hui.
« Il y a une bonne aisance informatique sur le portail de Pôle emploi, remarque Christel Gosselin. La responsable diffuse les offres en ligne, consulte les CV, et contacte les candidats par téléphone pour proposer une AFPR. Pôle emploi doit ensuite valider les demandes, pour chaque personne. »
Le postulant rencontre aussi Christel Gosselin et le ou la responsable du magasin pour confirmer son choix. Concernant la rémunération, soit la personne est déjà indemnisée par Pôle emploi et son allocation de retour à l'emploi sert de salaire pendant la formation, soit Pôle emploi met en place un financement adapté. « Si la personne n’est pas indemnisée, on débloque un budget, complète Franck Lescoffier. Enfin, le candidat débute son mois de formation, selon un plan dont les éléments ont été validés par Pôle emploi. »
« On voit le vrai visage du candidat »
« On voit le vrai visage au bout de la deuxième et la troisième semaine. On sait à qui on a affaire durant l'AFPR », constate Christel Gosselin. La responsable dit rechercher de la motivation, une envie de stabilité, de se projeter, d'apprendre, de vouloir évoluer dans un autre milieu professionnel. La personne postulante doit aussi être en mesure d’emmagasiner beaucoup de connaissances techniques, sur les alliages de l'or, sur les pierres, sur les termes techniques au sein d’une formation qui se déroule sur plusieurs mois.
Si l’AFPR est un succès, elle débouche sur un CDD de six mois et sur un CDI. « Les personnes sont rassurées car elles restent inscrites à Pôle emploi et ne perdent pas leurs droits, si jamais elles ne signent pas de CDI », déclare encore Christel Gosselin. Limite du dispositif : des demandeurs débutent parfois le processus puis l’interrompent sans prévenir. « Certains se désistent mais pas ouvertement, ils ne répondent plus au téléphone, ou ne viennent tout simplement pas au rendez-vous. On est de plus en plus confronté à cette réalité là… », déplore Christel Gosselin. Et on a besoin que les conseillers Pôle emploi soient réactifs et valident les offres et les plans de formation», ajoute-t-elle