« La compétence dont nous avions besoin n’existe pas car c’est un savoir-faire singulier. Il nous a donc fallu l’inventer, la créer », explique Alain Parachini le président de La Manufacture de Senlis, une entreprise spécialisée dans la maroquinerie de luxe, sise dans l’Oise. Autrement dit, imaginer un processus de recrutement et de formation spécifique. Avec deux priorités :
- donner sa chance à chacun, sans considération de diplôme, de parcours professionnel ou d’âge,
- être efficace, l’ambition étant de passer de zéro salarié en 2014 à 250 CDI à la fin de cette année.
« Il aurait été impossible pour nous de gérer un tel recrutement en interne. Nous nous sommes donc rapprochés de Pôle emploi pour bénéficier de son savoir-faire en matière d’ingénierie et lui confier le pilotage de la première phase du recrutement et de l’accompagnement des candidats retenus jusqu’à leur intégration au sein de notre centre de formation, le Centre de formation du Lys », précise Anne Parachini, directrice générale adjointe de l’entreprise.
Activation d’une « MRS »
Dès 2014, compte tenu des objectifs de La Manufacture de Senlis, les conseillers Pôle emploi de l’agence de Creil Saint-Maximin, en collaboration avec la plate-forme de vocation, initient une opération de méthode de recrutement par simulation (MRS). Développée par Pôle emploi, la MRS sort des critères habituels de recrutement que sont l'expérience et le diplôme, pour se focaliser sur les habiletés des candidats.
Pôle emploi diffuse régulièrement les offres d’emploi de l’entreprise et organise tous les trois mois, des réunions d'information collectives avec les candidats intéressés. La Manufacture de Senlis partage alors avec eux des informations relatives à l’entreprise et aux emplois proposés. Les conseillers Pôle emploi pilotent ensuite une phase de tests visant à évaluer les habiletés des candidats au regard de celles recherchées par l’entreprise : acuité visuelle, dextérité, mémoire, … « À l’issue de ces tests très sélectifs, - le taux de réussite est de 30%-, nous rencontrons les personnes retenues pour qu’elles nous démontrent leur savoir-être, leur motivation et leur aptitude à apprendre de nouveaux gestes et un nouveau métier » confie Anne Parachini. Les candidats retenus intègrent alors une formation de 400 heures. Si elle est validée, ils sont embauchés par la Manufacture de Senlis, en CDI et poursuivent leur montée en compétences, dans le cadre d’un parcours de professionnalisation, pendant un an.
« Une aventure humaine »
Avec 230 personnes embauchées à mi-2021, l’effectif sera au complet à la fin de l’année. « Le succès n’est pas que comptable. La méthode de recrutement par simulation nous a permis de monter une équipe performante qui se caractérise aussi par la richesse de sa diversité. Nos salariés ont tous des parcours différents. À ce titre, c’est aussi une belle aventure sur le plan humain », confie Alain Parachini. Afin de poursuivre la démarche de valorisation de leur parcours de formation, l’entreprise a initié un partenariat avec le CFA du Pays de Montbéliard, pour proposer à ses salariés d’obtenir le titre de sellier-maroquinier d'art, via une VAE (validation des acquis de l’expérience).
Citation
Anne Parachini : « Sans l’intervention, l’ingénierie et l’implication des conseillers Pôle emploi qui ont bien cerné nos besoins, nous n’aurions pas pu afficher un tel succès dans nos recrutements. Je profite de cette interview pour les en remercier chaleureusement. »