Travailleurs handicapés, des salariés comme les autres

L’adoption de la loi du 10 juillet 1987 en faveur de l’emploi des personnes handicapées a entraîné de profonds changements de méthode et de pratiques professionnelles. Des avancées concrètes qui doivent s’accélérer grâce à l’implication de toutes les parties prenantes. Dans ce cadre, Pôle emploi se mobilise pour construire un monde du travail inclusif, sans discrimination et où les compétences sont prises en compte.

« La situation des personnes en situation de handicap m’a touchée pour toujours. J’ai voulu trouver des solutions économiques pour qu’elles ne restent pas sur le carreau. La diversité, l’égalité homme-femme, l’humain au sens large, cela fait partie de mes valeurs. J’adore ce que je fais, et je ne reviendrai en arrière pour rien au monde. »

Stéphanie Queyroi, secrétaire générale, de la CPME Haute-Vienne, fondatrice de l’entreprise adaptée Lux&elles à Limoges.

Des recrutements en milieu ordinaire basés sur les compétences

« Il n’y a pas d’entreprise stéréotypée, c’est une question de volonté de connaître la différence, le handicap », explique Henry Quichaud, conseiller entreprise à l’agence Pôle emploi de Ventadour Limoges, « il faut d’abord regarder la personne et recruter sur les compétences, pas sur la situation. Au niveau de Pôle emploi, les personnes porteuses de handicap sont traitées comme les autres, elles peuvent utiliser les mêmes dispositifs de droit commun, l’entreprise les accompagne ensuite pour faciliter leur intégration, à l’image de Lux&elles, une société spécialisée dans le textile et l’artisanat d’art, qui prend en compte la réalité et les spécificités du handicap, un exemple phénoménal. Au sein de notre agence nous sommes tous sensibilisés à cette notion de handicap car un certain nombre de collègues sont dans cette situation. Et quand on effectue un rapprochement sur une offre d’emploi nous ne faisons pas de distinction avec une personne sans reconnaissance spécifique, après c’est à l’employeur de décider à la suite de l’entretien. Sur des exemples concrets je peux donner le cas de la manufacture IDMC où nous avons initié une opération de recrutement de piqueurs en maroquinerie en utilisant le dispositif de préparation opérationnelle à l’emploi (POE). Depuis quelques mois Pôle emploi  et Cap emploi se sont rapprochés pour mettre en place des actions conjointes, en travaillant notamment sur la notion d’analyse de poste et d’apport de solutions en termes d’adaptation. Prochainement, en lien avec une agence de travail temporaire implantée depuis le 1er septembre à Limoges, Interim & Handicap, nous allons conduire des actions ciblées. »

Des contrats adaptés aux problématiques de santé

Secrétaire générale de la CPME Haute-Vienne où elle est entrée en 2003 en tant que chargée de mission handicap, Stéphanie Queyroi a créé à Limoges Lux&elles en avril 2000, une entreprise adaptée qui intervient en sous-traitance dans la maroquinerie de luxe et haut de gamme. Elle dispose aussi  d’un secteur textile. Un travail à façon conduit par des salariés polyvalents sur trois pôles : la coupe, la couture cuir et la finition. Du vrai savoir-faire à l’ancienne. « Les personnes en situation de handicap ont des difficultés pour trouver leur place dans la société, j’ai imaginé une solution pour leur permettre d’intégrer un lieu professionnel le plus épanouissant possible. »
Lancée avec 3 personnes, la société compte aujourd’hui 22 employés, un développement exemplaire qui s’appuie sur une politique de recrutement éprouvée. « Notamment avec les conseillers Pôle emploi qui sont formidables, disponibles, à l’écoute, avec de nouvelles façons de recruter qui vont dans le bon sens par rapport aux besoins des entreprises, j’ai un très bon partenariat avec Pôle emploi et Cap emploi », poursuit Stéphanie Queyroi.
« Pratiquement on débute les recrutements par une période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP), un outil très intéressant qui permet, sur une période de 15 jours, de faire connaissance avec la personne qui elle-même découvre un environnement de travail. L’autre porte d’entrée passe par des CDD Tremplin basés sur des contrats de 4 à 24 mois, période où nous accompagnons les personnes sur des formations qualifiantes, pour être ensuite recrutées de préférence par des entreprises de milieu ordinaire. Nous pouvons également utiliser l’action de formation préalable au recrutement (AFPR) sur du plus long terme. Chez Lux&elles nous mettons un point d’honneur à ce que les contrats et les horaires soient adaptés aux problématiques de santé, je pratique la semaine de quatre jours, les postes de travail sont aménagés, et l’essentiel de mes collaborateurs a signé un CDI. Ce qui m’intéresse ce sont les valeurs d’humanité, et pour cela l’entreprise doit être un lieu de vie, d’équilibre professionnel, bienveillant et collaboratif.»