En jean, en short et en tee-shirt pour décrocher un emploi

En lançant un job dating décalé autour des valeurs de l’athlétisme, l’agence Pôle emploi de Machecoul a cassé les codes de recrutement.

Un événement où demandeurs d’emploi, sans expérience ni diplôme, ont pu mettre en avant leur savoir-être auprès d’employeurs plus ouverts dans un contexte de difficultés de recrutement. Avec une belle réussite à la clef.

« À travers cet événement innovant, l’envie était de partager du sport sans esprit de compétition ni de performance, et de se mettre en mouvement. Jean et baskets pour les recruteurs comme pour les demandeurs d’emploi, nous ne souhaitions aucun formalisme. Avec l’idée de tisser du lien entre les deux parties pour créer des opportunités qui peuvent être là où on ne les attend pas. » Julie Glenadel, directrice de l’agence Pôle emploi de Machecoul.

Une méthode qui balaie les idées reçues

« Tester de nouvelles formes de recrutement, c’est le principe des opérations ‘’Du stade vers l’emploi’’ mises en place avec la Fédération française d’athlétisme », explique Julie Glenadel, directrice de l’agence Pôle emploi de Machecoul.

« Nous avons lancé le projet avec le soutien de deux agences d’intérim, Adecco et Synergie, et le club de l’Athletic Retz Sud Lac, puis nous avons élargi le nombre de partenaires et la FFA s’est jointe à nous. Les 88 demandeurs d’emploi présents, aux profils très variés, accompagnés par nos partenaires et leurs conseillers emploi, ne savaient pas qui ils rencontraient au cours des épreuves d’athlétisme. Des sauts, des courses, de la marche nordique, l’anonymat a été parfaitement respecté tout au long de la matinée, des recruteurs se sont même inventé d’autres vies. »

À midi le repas a été pris en commun, puis les représentants des 13 entreprises participantes ont levé l’anonymat, un moment émouvant, et présenté leurs sociétés. Idéal pour lancer le job café de l’après-midi. « Des entretiens qui ont été abordés de manière détendue grâce à la relation de proximité établie le matin au travers de la pratique sportive, sur la base d’offres d’emploi adaptées. Cette journée a aussi permis à chaque partie de sortir des idées reçues, de dépasser les préjugés et les clivages. À la fois pour les demandeurs d’emploi, fragilisés et souvent démotivés, qui ont pris conscience des freins qu’ils pouvaient habituellement rencontrer en s'arc-boutant sur des projets professionnels très réduits, et pour les entreprises qui, face à une pénurie de main-d’œuvre, recherchent d’abord des personnes en capacité de savoir travailler et d’évoluer en équipe, un savoir-être mis en évidence le matin au cours des ateliers sportifs. »

​​​​​​​S’appuyer sur les valeurs du sport pour révéler des personnalités et des savoir-être

C’est le cas pour la maroquinerie Barreteau, une entreprise de 55 salariés basée à Saint-Étienne-de-Mer-Morte, près de Nantes. « Tout le monde était sur un pied d’égalité, chacun a joué le jeu de l’anonymat, on ne pouvait identifier personne, c’était très sympathique », confie Stéphane Brunet, responsable d’atelier et des recrutements.

« Les ateliers sportifs ont agi comme un révélateur de personnalités et de valeurs transférables en entreprise, l’esprit d’équipe, la persévérance, la réactivité par exemple. Certains étaient très investis, d’autres plus dans le coaching. Ce qui a permis d’échanger lors du job dating avec des personnes décontractées, libérées grâce à la relation de proximité établie le matin et à midi. J’en ai reçu une quinzaine, dix sont venues découvrir l’entreprise via une période de mise en situation en milieu professionnel (PMSMP) d’une semaine, huit ont demandé une action de formation préalable au recrutement (AFPR) de 400 heures, sept sont restées chez nous après que nous leur avons proposé une polyvalence, et elles sont en formation piquage de 140 heures pour leur garantir un emploi en CCD ou CDI et une évolution professionnelle. Le recrutement réalisé à l’issue de cette journée où l’on sort des codes a permis de mettre en évidence des savoir-être et de révéler à nos nouveaux employés des compétences qu’ils ne soupçonnaient pas. »

Finalement, la journée « Du stade vers l’emploi » a abouti à 12 recrutements et 15 PMSMP, un essai transformé.