Seniors et emploi : un accompagnement 2.0 pour accroître leur visibilité sur le marché

Lorsqu’ils se retrouvent sur le marché de l’emploi, les plus de 50 ans ont encore plusieurs années à travailler et des compétences à mettre au service des entreprises. Pour remettre leurs habiletés sous le feu des projecteurs et faire tomber les barrières technologiques, France Travail a donc développé un accompagnement 2.0 sur mesure.

Accompagnement Senior 2.0 à Bastia

Profondément engagé dans l’accompagnement des seniors, France Travail s’est donné pour priorité de les aider à mieux appréhender les opportunités que la transformation numérique induit. Alors que les technologies numériques sont désormais incontournables dans la recherche d’emploi, les plus de cinquante ans souffrent parfois du manque d’un atout de taille à l’ère actuelle : une bonne visibilité sur les réseaux. Raison pour laquelle les accompagner pour acquérir une maîtrise de base des outils numériques et leur redonner confiance est une priorité pour France Travail.

C’est ainsi que, deux fois par an depuis février 2022, France Travail organise en partenariat avec le réseau associatif BGE des sessions baptisées « accompagnement senior 2.0 ». « On accompagne 12 à 14 demandeurs d’emploi pendant 3 mois. Une période au cours de laquelle ils vont pouvoir bénéficier de rendez-vous individuels avec une psychologue, une coach et une conseillère en insertion professionnelle, mais aussi assister à des séances collectives dédiées à l’utilisation des outils numériques, explique Eve Troubat, conseillère et formatrice en insertion professionnelle au sein de BGE Corse. Chaque personne est différente. Chaque session est différente. Lors de la dernière session, la moitié des demandeurs d’emploi était à l’aise sur les outils informatiques. On leur apporte alors des informations et des astuces sur de nouvelles façons de communiquer et de se présenter. »

Si une moitié se trouvait à l’aise, l’autre moitié était en revanche très éloignée des outils numériques et avait donc des lacunes à combler. Pour ces personnes, créer un CV afin de mettre en avant son savoir faire et ses compétences pouvait s’avérer fastidieux. Dans cette configuration, France Travail prend alors le temps nécessaire pour développer un accompagnement personnalisé, qu’il s’agisse d’une simple remobilisation, d’un travail sur la confiance en soi ou d’une formation aux outils de base.

Cet accompagnement permet également à chaque session de créer un blog et aux participants d’y mettre en avant leur profil et leur CV. De quoi leur permettre d’accroître concrètement leur visibilité en ligne. Les seniors ont aussi l’opportunité d’avoir un parrain ou une marraine, généralement chef d’entreprise ou responsable, lesquels échangent avec eux sur leur parcours, les formations et peuvent leur faire profiter de leur réseau professionnel.

« Ils peuvent se sentir perdus pour savoir qui contacter et comment, et se retrouvent parfois très isolés. Le lien social est central pourtant et cette prestation de BGE est justement pensée pour le retisser. » - Maryline Michelangeli

Au-delà des outils numériques, renouer du lien social

« Cet accompagnement a été imaginé pour répondre aux besoins des demandeurs d’emploi seniors avec une attention particulière. Car aujourd’hui ils constituent environ 30% des personnes en recherche d’emploi sur Bastia », souligne Maryline Michelangeli, conseillère au sein de l’agence France Travail de Bastia. Non seulement ils ont souvent besoin d’être formés aux outils numériques, lesquels sont aujourd’hui nécessaires pour améliorer leur recherche d’emploi et valoriser leur profil et leur expérience, mais on s’aperçoit aussi que beaucoup ont besoin de renouer du lien social. « Car quand ils ont travaillé de nombreuses années dans la même entreprise, ils peuvent se sentir perdus pour savoir qui contacter et comment, et se retrouvent parfois très isolés. Le lien social est central et cet accompagnement est justement pensé pour le retisser », ajoute Maryline Michelangeli.

Au départ, lorsque les conseillers France Travail leur proposent cet accompagnement, les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans peuvent pourtant se montrer réticents. De par leur passé social, familial et professionnel, beaucoup disent être armés pour rechercher du travail et ne pas avoir besoin de connaître de nouvelles personnes. Or, pour ceux qui décident de sauter le pas, le constat est sans appel : ils sont ravis de l’accompagnement et restent souvent en lien avec des participants après la prestation.

L’intérêt en effet est que chaque session réunit des profils très variés. Il y a des demandeurs d’emploi de longue durée, d’autres fraîchement inscrits à France Travail, des ouvriers ou encore des cadres. Finalement, cela permet à tous de s’ouvrir à d’autres problématiques que la leur et de prendre du recul. « Cela leur offre aussi le temps et l’écoute nécessaires pour accepter une rupture de contrat ou une possible reconversion. Le rôle des coachs, conseillers et psychologues est clé ici », estime encore Maryline Michelangeli.

« Parfois, notre accompagnement va s’apparenter à une simple remobilisation, à un travail sur la confiance en soi aussi, et pour d’autres il va falloir davantage travailler sur les outils de base, revenir aux fondamentaux. » - Eve Troubat

Des résultats très positifs

Depuis la première session organisée en février 2022, deux autres sessions ont été organisées et une quatrième s’ouvre à partir du 19 septembre jusqu’au 15 décembre. Et les résultats sont très encourageants : « Certaines personnes retournent en emploi, d’autres choisissent d’entrer en formation – généralement 2 ou 3, et d’autres décident de créer leur entreprise. Sur la dernière session du début d’année 2023, on a eu une entrée en formation, un contrat signé et deux créations d’entreprises, détaille Eve Troubat. Et deux autres personnes étaient en recherche de formations spécifiques pour créer leur structure ensuite. »

« Quoi qu'il en soit, les participants sont boostés par cet accompagnement. Ils ont appris à pitcher, ont de nouveaux relais de recherches et sont plus sûrs d’eux, autant d’avantages qui les remobilisent. Et c’est essentiel », conclut Maryline Michelangeli.