Du Stade vers l’Emploi : recruter les personnes en situation de handicap par le sport

Réunir en équipes mixtes et de manière anonyme des demandeurs d’emploi en situation de handicap et des recruteurs autour d’activités sportives ? C’était l’ambition de l’événement Stade vers l’Emploi qui a eu lieu à Nantes le 21 novembre. Un renouveau du job dating pour changer le regard sur le handicap.

Souvent discriminées au travail, les personnes en situation de handicap n’ont que rarement la possibilité de démontrer leurs compétences auprès des employeurs. En 2022, le taux d’emploi des personnes reconnues handicapées était de 38 % et leur taux de chômage atteignait 12 % selon une enquête de la Dares. Intégrer le marché du travail reste donc difficile pour ces demandeurs d’emploi. Pour David Marez, chargé de mission à la direction territoriale Loire-Atlantique de Pôle emploi, les personnes en situation de handicap ont pourtant un rôle à jouer : « C’est important de montrer qu’en recrutant autrement, on peut faire de très beaux recrutements avec des personnes en situation de handicap. Ce n’est pas parce qu’on a eu un accident de la vie que tout s’arrête ».

Pour changer la donne, Pôle emploi a organisé une opération « Du Stade vers l’Emploi » (DSVE) au stade Pierre Quinon de Nantes lors de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Pour l’occasion, l’événement a fait la part belle à l’athlétisme et a été spécifiquement adapté aux bénéficiaires de l’obligation d’emploi.

Une journée articulée autour de trois temps forts

Le temps d’une journée répartie en trois moments clés, demandeurs et employeurs ont participé à des activités autour du sport sans dévoiler leur identité. « L’idée était de créer du lien et donner à voir des choses sans savoir qui était recruteur et qui cherchait un travail autour d’un événement sportif », résume Frédérique Letrésor, directrice d’agence Pôle emploi à Nantes. En tout, une soixantaine de bénéficiaires de l’obligation d’emploi ont participé aux côtés d’une dizaine d’entreprises.

Le programme ? Le matin, après avoir formé les équipes mixtes, les participants se sont retrouvés autour d’ateliers conçus pour mettre en valeur leur savoir-être, leurs qualités humaines et relationnelles comme l’esprit d’équipe, l’écoute, la rigueur, et le sens de l’anticipation. « Ce n’était pas une compétition. Nous n’avons pas mis les personnes en difficulté. Les candidats sont venus avec un CV mais c’est sur la base de la matinée et du déjeuner que le job dating s’est construit », insiste le chargé de mission.

Le repas du midi, pris en charge par les organisateurs, s’est déroulé également de façon collective et anonyme afin de permettre aux participants de poursuivre les échanges et, pour certains, de nouer des liens. En début d’après-midi, les masques sont tombés avec la levée de l’anonymat. « Les candidats ont vu qui étaient les recruteurs. Chaque recruteur a présenté son entreprise et ses besoins en recrutement. On est passé sur une configuration plus classique de job dating où les personnes se sont installées à une table et ont rencontré celles qui sont intéressées par les postes », explique la directrice d’agence.

Changer les représentations sur le handicap

À la différence des opérations « Du Stade vers l’Emploi » organisées sur d'autres territoires, celle-ci était la première destinée à des bénéficiaires de l’obligation d’emploi. Organisé avec la Fédération Française d’Athlétisme, la Ligue Régionale Pays de la Loire, la Fédération Française de Sport Adapté et la Fédération Française Handisport, l’événement se voulait donc accessible pour tous. « Il y avait des personnes avec des handicaps moteurs, visibles et invisibles. Dans l’inconscient collectif, le handicap c’est le fauteuil roulant alors que 80 % des handicaps sont invisibles. Nous nous sommes donc adaptés en fonction des différents types de handicaps », assure David Marez.

« En France, on aime bien mettre les gens dans des cases. C’est compliqué d’en sortir. Montrer que les personnes en situation de handicap ont des compétences à proposer aux entreprises, qu’elles ne sont pas passives, je trouve ça inspirant et engageant pour tout le monde » 

Si la finalité restait le job dating, un des objectifs de cette opération était aussi de changer le regard sur le handicap dans le monde du travail, sans pour autant mettre les entreprises participantes sous les feux des projecteurs. « Nous n’avons pas cherché à créer un événement autour de l’image et d’un affichage d’une capacité à accueillir les demandeurs d’emploi en situation de handicap. Il s’agissait bien d’avoir un réel besoin de recrutement en face », souligne Frédérique Letrésor. Pour la directrice d’agence, bouger les représentations sur le handicap, cela passe aussi par le fait de donner aux candidats en situation de handicap l’opportunité d’être recruté autrement que par un entretien d’embauche réussi ou un parcours professionnel exceptionnel. De même, cela passe également par la remise en question des processus de recrutement du côté des employeurs.

« En France, on aime bien mettre les gens dans des cases. C’est compliqué d’en sortir. Montrer que les personnes en situation de handicap ont des compétences à proposer aux entreprises, qu’elles ne sont pas passives, je trouve ça inspirant et engageant pour tout le monde », s'enthousiasme David Marez qui estime que cet événement, en proposant une approche différente du recrutement, a participé à changer le regard sur le handicap.

Du Stade vers l’Emploi : recruter les personnes en situation de handicap par le sport

Les participants au Stade Vers l'Emploi à Nantes