Avenir Pro : anticiper l'entrée sur le marché du travail des jeunes en lycée professionnel

Pour aider les jeunes des lycées professionnels à s’insérer sur le marché du travail, France Travail et Sciences Po ont initié le dispositif Avenir Pro : un accompagnement des élèves dans les établissements scolaires par des conseillers de France Travail et des Missions Locales, pour créer des passerelles entre l’environnement scolaire et le monde professionnel.

En Bourgogne-Franche-Comté, 52 établissements scolaires sont accompagnés par le dispositif, dont 13 par France Travail Bourgogne-Franche-Comté en 2024. Un travail collectif au service de la jeunesse.

Avenir Pro, un projet collectif pour faciliter l’entrée dans le monde du travail

Cofinancé par le Fond Social Européen (FSE), coordonné par Sciences Po Paris et mené main dans la main avec le Rectorat, l’Education Nationale, France Travail et le réseau des Missions locales, le dispositif Avenir Pro a un objectif clair : anticiper et préparer les jeunes des lycées professionnels à s’insérer sur le marché du travail. « Ce dispositif est né du constat du taux de chômage élevé des jeunes peu qualifiés. », explique Aurélie Billet, conseillère entreprise à l’agence France Travail Auxerre et intervenante en milieu scolaire pour le dispositif. Sophie Steibel, chargée de relations partenariales et du dispositif Avenir Pro pour France Travail Bourgogne-Franche-Comté, complète : « Ce taux de chômage élevé résulte en grande partie de la difficulté de faire rencontrer les besoins en recrutement des entreprises et la candidature des jeunes, qui manquent de repères pour trouver des emplois qui leur conviennent. ». Cette méconnaissance des jeunes du milieu professionnel est généralement accentuée par le manque d’un réseau de relations, qui constitue très vite un obstacle majeur à l’accès à l’emploi. « Les jeunes issus des CAP et Bacs professionnels hors alternance ont 25 fois moins de chances d’obtenir un CDI dans leur trajectoire d’emploi que ceux qui ont obtenu leur diplôme par alternance », précise Aurélie Billet. Une inégalité considérable à laquelle il faut s'atteler le plus tôt possible. « C’est ce constat qui a poussé les institutions à agir pour mieux préparer cette sortie d’étude, et c’est là qu’est né le partenariat entre France Travail et Sciences Po Paris », explique Aurélie Billet. Le dispositif se lance d’abord en expérimentation, sur un panel de lycées professionnels tirés au sort. Mais dès la rentrée 2023, le dispositif Avenir Pro s’inscrit dans la loi par la conjoncture de deux réformes : la réforme des Lycées Professionnels, qui vise à assurer l’avenir des élèves, et la mise en place du Réseau pour l’Emploi afin notamment de pallier aux difficultés de recrutement des entreprises. 
« Le dispositif Avenir Pro sera donc généralisé à l’ensemble des élèves en fin de CAP ou Bac Pro de tous les lycées de France à la rentrée prochaine, avec les interventions des professionnels du Réseau pour l’Emploi dont France Travail fait partie. », clarifie Sophie Steibel

« Le dispositif Avenir Pro sera généralisé à l’ensemble des élèves en fin de CAP ou Bac Pro
de tous les lycées de France à la rentrée prochaine. »

Sophie Steibel, chargée de relations partenariales et du dispositif Avenir Pro en Bourgogne-Franche-Comté

Des interventions au cœur des établissements

Le dispositif, né en 2021, s’est étendu à la Bourgogne-Franche-Comté en 2023. Il propose aux élèves de dernière année de CAP ou de Bac Pro un accompagnement sur le temps scolaire en amont de la fin de leur formation jusqu’à leur insertion sur le marché du travail. Cet accompagnement personnalisé aide les jeunes à comprendre le marché du travail et les attentes des employeurs, connaître les outils et les services à leur disposition, mais aussi identifier leurs atouts personnels et mettre en œuvre des actions efficaces pour concrétiser leur projet. Un point important selon Aurélie : « Il s’agit vraiment de montrer à ces jeunes qu’ils ont des compétences qui sont valorisées sur le marché du travail. ».
De janvier à juin 2024, six conseillers France Travail dédiés au dispositif vont organiser des séquences collectives dans les établissements, dans le cadre du module d’enseignement « Insertion professionnelle » de 91 heures. Deux conseillers supplémentaires sont ainsi mobilisés par rapport à l’an dernier, et c’est donc un vrai coup de boost pour le dispositif. « L’année dernière, on avait une douzaine d’heures d’intervention collective dans les établissements. Le dispositif en était encore à ses débuts : les établissements étaient tirés au sort pour en bénéficier. » explique Aurélie. Cette année, les conseillers France Travail se préparent à intervenir dans 13 lycées de la région. Ils sont épaulés par les Missions Locales, qui ciblent quant à elles 39 établissements.

« On voit bien que lorsqu’un professionnel se déplace pour leur parler, les jeunes sont à l’écoute
et sont vraiment motivés ! »

Aurélie Billet, conseillère entreprise à l’agence France Travail Auxerre

Une connaissance pointue du marché du travail au service des élèves

Pour Aurélie, la pertinence de leur intervention vient de la connaissance des conseillers France Travail sur le marché de l’emploi. « On est les mieux placés pour connaître les besoins actuels des entreprises lorsqu’elles recrutent, explique-t-elle. C’est pour ça qu’on essaie au maximum de se servir de notre réseau pour faire intervenir des professionnels dans les lycées lors de nos interventions. ». Régulièrement, des entreprises mais aussi des syndicats professionnels viennent témoigner auprès des jeunes de leurs attentes en termes de savoir-être, et de leurs besoins de recrutement. « Tout est fait pour faciliter la mise en relation entre les jeunes qui vont entrer sur le marché du travail et les entreprises le plus tôt possible. », précise Sophie Steibel. Lors de ses interventions, Aurélie Billet mobilise toutes ses connaissances pour préparer les lycéens à rencontrer des professionnels : jobs dating, simulations d’entretiens et animations ludiques sont organisées dans les salles de classe. « On voit bien que lorsqu’un professionnel se déplace pour leur parler, les jeunes sont à l’écoute et sont vraiment motivés ! » Aurélie tente d’adapter au mieux les interventions par rapport au parcours des élèves, pour leur faire découvrir des secteurs en lien avec leurs différentes orientations. « Pour les lycéens en bac professionnel Accompagnement, Service et Soin à la Personne (ASSP) par exemple, j’ai fait intervenir une directrice d’EHPAD qui a commencé sa carrière en tant qu’Agent des Services Hospitaliers (ASH). Ça leur permet non seulement d’avoir une idée des métiers du secteur, mais aussi d’un témoignage inspirant ! ».

Réduire les écarts entre la vie professionnelle et le monde scolaire

Cette bouffée d’oxygène peut aussi profiter aux entreprises intervenantes. « Au-delà de l’accompagnement des jeunes, Avenir Pro permet aussi d’améliorer la satisfaction des entreprises dans le cadre de leurs recrutements, en leur permettant d’avoir un contact direct avec leurs futurs collaborateurs. », explique Sophie Steibel. Ainsi, il n’est pas rare que des entreprises recrutent de jeunes alternants ou de jeunes diplômés à l’issue de ces interventions.
Pour Aurélie, intervenir dans des milieux scolaires permet surtout aux entreprises de toucher d’autres publics : « Il y a vraiment un enjeu social derrière ces interventions, et les entreprises apprennent beaucoup également au contact des lycéens. L’objectif est de réduire les écarts entre le “monde de l’école” et le monde du travail. ». Des enjeux importants embrassés également par les missions locales. Ces dernières épaulent France Travail dans leurs interventions. Ici encore, des CV, des simulations d’entretiens d’embauche et de la recherche d’emploi sont proposés aux élèves.
« Nous avons des retours positifs des professeurs, des élèves ou encore des chefs d’établissement, confie Aurélie. Ces interventions permettent d’avoir un autre discours sur l’avenir, et montrer aux élèves les opportunités qui existent dans le monde professionnel. Tout ne se joue pas dans les résultats scolaires, et les réorientations existent. C’est ce parcours qu’il est important de mettre en avant auprès des jeunes pour qu’ils n’aient pas peur du futur. ». Ce message important permet à la conseillère France Travail de tisser un lien de confiance avec les jeunes. « Nous essayons aussi de leur faire parler d’eux, et de les pousser à se questionner. ».

La suite ? Pour ne pas perdre de vue les élèves, Aurélie garde contact avec eux jusqu’en septembre. « Je leur demande des nouvelles de leurs examens s’ils continuent leurs études, ou alors de leur recherche d’emploi, explique-t-elle. Cela permet aussi à ceux qui veulent trouver un emploi de s’inscrire directement à France Travail et d’être orientés vers des Contrats Engagements Jeunes ou les missions locales. L’objectif est de garder une dynamique et de leur montrer que nous sommes là pour eux. ». Une mission pleine de bon sens que la conseillère mène avec passion : « Je plante des graines. », conclut-elle.