Un évènement pour réconcilier les femmes avec les métiers de la sécurité

Les femmes ont les compétences requises pour exercer les métiers de la sécurité. 

D’un côté, les entreprises privées de sécurité ont des besoins de recrutement constants. De l'autre, les entreprises de la sécurité privée connaissent des tensions dans leurs recrutements intensifiées par l’arrivée de grands événements comme les Jeux Olympiques de Paris 2024. Pourtant les femmes ont les compétences requises pour exercer les métiers de la sécurité. Un message qu’il peut être plus facile à faire entendre hors des murs d’une agence Pôle emploi et en présence de femmes professionnelles du secteur.

Le 15 juin 2023, 14 femmes en demande d’emploi ont pu découvrir les métiers de la sécurité lors d’une demi-journée d’échanges et de rencontres organisée dans l’enceinte de l’Aren’Ice de Cergy par l’agence Pôle emploi d’Argenteuil. Une patinoire où le groupe S3G Sécurité emploie des agents de sécurité. « Nous avons contacté l’entreprise pour faire un événement hors les murs d’une agence et créer une demi-journée immersive de découverte de ces métiers, et elle nous a proposé la patinoire. Ainsi les demandeuses d’emploi ont pu rencontrer plusieurs membres de S3G Sécurité, échanger dans un contexte différent et visiter le poste de contrôle avec un agent sur place qui pouvait aussi répondre à leurs questions », explique Magali Saadoun, conseillère à l'agence Pôle emploi d’Argenteuil.

FORTE DEMANDE ET FÉMINISATION : DEUX ENJEUX CENTRAUX DANS LE SECTEUR DE LA SÉCURITÉ

Les métiers de la sécurité souffrent en effet de certains à priori de la part des femmes qui n’imaginent pas qu’ils sont faits pour elles. Or « nos métiers ne sont pas réservés aux hommes. Dès que possible, nous répondons donc présents pour changer les idées reçues », explique Farid Bencherif, responsable d’exploitation chez S3G Sécurité. Selon les professionnels du secteur, les femmes auraient en effet une compétence plus affinée pour la diplomatie et la gestion de conflit. « Et certains enjeux réglementaires imposent aux sociétés de sécurité d’employer des femmes, rappelle Pierre-Louis Seynaeve, conseiller à l'agence Pôle emploi d’Argenteuil. Lors d’un contrôle, la palpation sur une femme par exemple ne peut être effectuée que par une femme habilitée pour. »

De plus, il est erroné d’associer les métiers de la sécurité à l’usage de la force selon Farid Bencherif. Le plus souvent il s’agit de gardiennage, de télésurveillance, de contrôle de billets ou de présence en loge lors d’évènements.

Il est d’autant plus important de féminiser ces métiers qui, aujourd’hui, manquent de candidats, et devront demain être largement pourvus pour répondre à la demande intense d’agents de sécurité à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024.

LE JOUR J : UN CADRE PROPICE AUX QUESTIONS ET VOCATIONS

Avant la demi-journée découverte, un événement à l’intention des femmes a donc été créé sur le site Pôle emploi « Mes évènements emploi » accessible à tous les demandeurs leur permettant de s’y inscrire en toute autonomie. Et l’agence Pôle emploi d’Argenteuil a également procédé à un sourcing afin de proposer à des femmes possiblement intéressées et éloignées de l’emploi d’y participer.

14 femmes ont ainsi fait le déplacement. « Le fait qu’elles se retrouvent entre femmes et dans un lieu neutre a créé un climat plutôt favorable. En plus, l’entreprise S3G a fait intervenir Audrey Chagnas, la responsable de leur pôle évènementiel (Gest’n’Sport et Gest’events) qui a longtemps été agent de sécurité avant de prendre ce poste. Elle a partagé son témoignage sur ce qu’elle avait pu observer et vivre dans son métier. Et les participantes ont ainsi pu se rassurer et se projeter. Elles étaient à l’aise et ont posé de nombreuses questions», raconte Magali Saadoun.

Lors de la présentation de leurs métiers, les collaborateurs de S3G Sécurité ont pris la peine de détailler tous les possibles et de mettre en avant la flexibilité offerte aux employés. Il est ainsi possible d’être embauché en CDI pour un poste de gardiennage ou d’agent à plein temps, comme de ne travailler que certains soirs ou week-end lors d’évènements culturels ou sportifs. Présente au Stade de France depuis sa construction, l’entreprise avait plusieurs exemples parlants à partager avec les potentielles candidates.

« Nous avons aussi parlé des prérequis car ce sont des métiers dont l’accès est réglementé », précise Pierre-Louis Seynaeve. Pour exercer dans les métiers de la sécurité, il faut en effet suivre une formation et obtenir sa carte professionnelle. Et pour intégrer la formation, il faut obtenir une autorisation délivrée par le CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), organisme qui va notamment vérifier qu’aucun délit commis n’empêcherait de travailler dans la sécurité ou que les aspirants étrangers justifient d’une présence d’au moins 5 ans sur le territoire français et d’un niveau B1 en français. « Néanmoins, aujourd’hui, les formations sont financées par Pôle emploi ou la Région, souligne Pierre-Louis Seynaeve. De plus, Pôle emploi garantit la rémunération pendant la formation et les apprenants touchent en plus une prime : 600 euros pour la formation courte, 2000 euros pour la formation longue ». La plus courte, de 3 semaines, permettant d’exercer en tant qu’agent de sécurité sur les grands événements supérieurs à 300 personnes uniquement, alors que la plus longue, d’environ 3 mois, permet d’exercer tous les métiers de sécurité privée.

Cette après-midi découverte a donc été riche. Et 5 femmes se sont dites intéressées pour entrer en formation, dont une pour s’orienter vers la télésurveillance en particulier.

CITATIONS

  • « Nos métiers ne sont pas réservés aux hommes. Certaines missions sont même mieux menées par des femmes. Dès que possible, nous répondons donc présents pour changer les idées reçues. » - Farid Bencherif, S3G Sécurité.
  • « Le fait qu’elles se retrouvent entre femmes et dans un lieu neutre a créé un climat plutôt favorable. En plus, l’entreprise S3G a fait intervenir Audrey Chagnas, la responsable de leur pôle évènementiel qui a longtemps été agent de sécurité avant de prendre ce poste » - Magali Saadoun, conseillère à l'agence Pôle emploi d’Argenteuil.