La bijouterie haut de gamme se dote d’un pôle formation


Pour entrer dans le monde très prisé de la haute joaillerie, une bonne dose de motivation et quelques semaines de formation suffisent – pour ceux possédant les habiletés requises. Dans les Vosges, les acteurs locaux se mobilisent pour répondre au besoin de formation du territoire.


« Le métier de bijoutier joaillier est peu connu. C’est un métier à la fois manuel et industriel, qui nécessite beaucoup de précision et de dextérité. » Anne Maida, DRH chez Orest.

« Avec cette nouvelle formation, les candidats vont avoir le temps d’acquérir des compétences clés pour occuper des postes plus techniques, tels que bijoutier, polisseur ou sertisseur. » Céline Caput-Prud'homme, conseillère à l’agence France Travail de Saint-Dié-des-Vosges.

À Saint-Dié-des-Vosges, le secteur bijouterie joaillerie a le vent en poupe. Poussés par la demande mondiale en forte croissance, les deux fabricants de bijoux Aurigane et Orest, acteurs majeurs du secteur dans la région, alertent sur le manque de candidats qualifiés. Car si les ateliers ouvrent leurs portes à des projets de reconversion, comme par exemple, ceux d’anciens salariés de l’équipementier automobile Inteva, le métier de bijoutier joaillier demande des connaissances et compétences spécifiques qui nécessitent une certaine expertise.

« Le métier de bijoutier joaillier est peu connu. C’est un métier à la fois manuel et industriel, qui nécessite beaucoup de précision et de dextérité » explique Anne Maida, DRH chez Orest.

Alors, pour développer le territoire et dynamiser le bassin d’emploi, la région, les instances locales, l’agence France Travail de Saint-Dié, l’UIMM (Union des industries et Métiers de la Métallurgie) et le GRETA (Groupement d’Établissements Publics d'Enseignements) se sont mobilisés pour monter un pôle formation bijouterie haut de gamme.


Une formation accessible à tous…

Après une session de CAP en 2021 mise en place par la région et qui a formé près de 20 demandeurs d’emploi, les différentes parties prenantes se sont orientées vers la création d’une formation sur mesure entièrement financée et accessible à tous. Le programme, défini conjointement par les deux fabricants de bijoux locaux, l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) et l’agence France Travail de Saint-Dié-des-Vosges, associe le métier de bijoutier joaillier à celui d’opérateur en joaillerie dans un contexte industriel.

« Jusqu’à présent, les demandeurs d’emploi étaient recrutés sur des postes d’opérateurs en bijouterie à l’issue d’une formation de préparation à la prise de poste de type POEC (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective) ou AFPR (Action de Formation Préalable au Recrutement) » explique Céline Caput-Prud'homme, conseillère à l’agence France Travail de Saint-Dié-des-Vosges. « La montée en compétence se faisait en interne, chez les employeurs. Avec cette nouvelle formation, les candidats vont avoir le temps d’acquérir des compétences clés pour occuper des postes plus techniques, tels que bijoutier, polisseur ou sertisseur. »

Les deux premières sessions de formation sont prévues pour démarrer en octobre au pôle formation de l’UIMM et au lycée George-Beaumont, membre du GRETA : six mois de parcours académique comprenant un tronc commun et une spécialisation, complétés par trois périodes de deux semaines en entreprise. Pour offrir sa chance à tous, les 24 candidats seront pré-sélectionnés grâce à la méthode MRS (Méthode de Recrutement par Simulation) en fonction de leurs capacités à occuper le poste. En ne tenant pas compte de la qualification et de l’expérience des candidats, cette méthode permet une sélection sur des critères mesurables identiques pour tous, offrant ainsi réellement sa chance à chaque candidat. Et à l’issue de la formation, les candidats obtiendront une certification qui entérine les blocs de compétences du CAP qu’ils auront validés.


… pour intégrer un secteur valorisant

Le bassin d’emploi de Saint-Dié-des-Vosges représente une réelle opportunité pour les deux bijoutiers, l’historique Aurigane et le nouvel arrivant Orest, qui avait déjà saturé le secteur d’Erstein dans le Bas-Rhin. Si la fermeture de l’usine Inteva quelques années auparavant a constitué un vivier de candidats avec une solide expérience industrielle pour la précédente session de CAP, cette nouvelle formation permet aux demandeurs d’emploi sélectionnés d’acquérir un socle de connaissances et compétences à la fois en bijouterie joaillerie et sur le monde industriel afin de faciliter leur prise de poste.

Car les besoins sont immenses : la crise n’existe pas pas pour les fournisseurs des grandes maisons de joaillerie de la place Vendôme. « La bijouterie joaillerie est un secteur valorisant qui n’a pas connu de crise pendant la pandémie, au contraire. C’est un secteur qui intéresse les candidats » affirme Céline Caput-Prud'homme. « Nous estimons les besoins en recrutement du secteur à quelque 400 personnes dans les prochaines années ».

En attendant le démarrage des deux sessions de formation, Anne Maida partage son enthousiasme face à l’implication de l’ensemble des partenaires de l’opération et le lien étroit tissé avec les équipes de l’agence France Travail de Saint-Dié-des-Vosges. « Nos besoins en matière de recrutement ne sont pas prêts de se réduire. Notre objectif serait de pérenniser le dispositif afin de développer un véritable pôle formation sur le bassin de Saint-Dié-des-Vosges qui puisse servir à de multiples entreprises, et développer ainsi le territoire. Et peut-être un jour aboutir à un CAP ».