Parlez-moi un peu de vous…

Pour bien valoriser ses atouts auprès d’un recruteur, il faut savoir faire la différence entre ses compétences, qualités, aptitudes et talents. Quels mots utiliser pour les présenter de manière pertinente ? Comment parler de soi de façon juste et positive en entretien ? Gilles Payet, l’auteur de 365 jours pour prendre soin de moi* nous donne quelques clés.

Parler de soi à un recruteur en entretien n’est jamais un exercice simple ! Pas facile de trouver la bonne posture pour renvoyer la meilleure image, surtout lorsqu’on manque de confiance en ses capacités ou que l’on est d’un naturel peu expansif.
Mais pas de souci, cela se travaille ! Premier principe : savoir parler de ses atouts de façon précise, en utilisant différents angles comme explique l’auteur, conférencier et blogueur, Gilles Payet, spécialiste de la question de l’estime de soi : « Pour 99 % des gens, les qualités, compétences, les talents et aptitudes, c’est un peu la même chose ! Et pourtant, il est essentiel de comprendre la différence entre ces notions, pour bien valoriser sa candidature auprès du recruteur. Cela ouvre un champ beaucoup plus large ».

Compétences et qualités, quelles différences ?

Souvent confondues en entretien par les candidats, les qualités et les compétences sont effectivement deux notions bien distinctes. « Les qualités répondent à la question : “comment je-suis ?“. Elles vont plutôt s’exprimer à travers des adjectifs : créatif, communicant, à l’écoute, dynamique… précise Gilles Payet. Les compétences concernent ce que vous savez faire, ce que vous avez acquis par la pratique. Pour en parler, le mieux est d’avoir recours à des verbes d’action : conduire une grue de chantier, parler anglais, encadrer une équipe, relancer des clients…».

Au préalable, un travail d’introspection va être nécessaire pour estimer vos qualités et vos compétences avec justesse et objectivité. Nous avons en effet tous entre 60 et 100 qualités et plusieurs centaines de compétences. Mais seulement quelques-unes vont intéresser le recruteur. « À vous de faire le tri, en vous centrant sur les besoins du poste. Lorsque vous parlez de vous, le recruteur doit pouvoir vous visualiser à ce poste et vous estimer capable de l’occuper en autonomie dès demain matin à 9 heures ! Pour vous préparer, faites l’exercice de vous projeter mentalement dans cette fonction, aux commandes d’un chariot élévateur par exemple ou en train de réaliser une pâtisserie. Cette mise en situation vous aidera à identifier une liste de qualités et de compétences utiles ».
 

« Pour bien parler soi, il faut savoir distinguer ses qualités, de ses compétences, talents et aptitudes »

Quid des talents et des aptitudes ?

On entend beaucoup parler de « talents ». Mais qu’entend-on vraiment par-là ? : « Les talents sont des compétences “rares”, qui vous distinguent vraiment des autres. Parler anglais est une compétence, alors qu’être bilingue en japonais peut davantage être considéré comme un talent, précise Gilles Payet. On peut tout autant mettre en valeur ses talents en utilisant un verbe, un nom ou un adjectif : parler une langue couramment, capacité de concentration élevée, résistance physique hors-norme…».

Pourtant essentielles, les aptitudes sont d’autres formes de compétences, qui ne sont pas toujours bien comprises. Ce sont des compétences que vous n’avez pas encore mobilisées. La bienveillance, la pédagogie, l’écoute, le sens relationnel, la créativité, la faculté d’adaptation… nous avons tous des soft skills qui sont des prérequis dans de nombreux métiers et situations. « Les candidats qui manquent d’expérience, comme les jeunes actifs ou les personnes en reconversion ont tout à gagner à mettre en avant leurs aptitudes lors d’un entretien. Ne jamais avoir fait quelque chose ne veut pas dire qu’on ne saura pas le faire ! Si vous êtes cuisinier, vous avez toutes les aptitudes pour réaliser sans souci un kouglof, même si vous n’en avez jamais fait, car vous avez déjà conçu de nombreux autres desserts ! ».

Se prêter au « Je » dans un collectif

Entre excès de confiance ou d’humilité, pas facile non plus de parler de ses réussites à un recruteur : « Il faut apprendre à dire “Je” dans un collectif, en montrant son apport dans un succès d’équipe, précise Gilles Payet. Imaginons, par exemple, qu’une entreprise où vous avez travaillé comme assistant administratif ait décroché un marché public de plusieurs millions d’euros. Vous pourriez par exemple expliquer que vous avez géré de A à Z l’acte d’engagement et le cahier des clauses techniques, et que cela a participé à cette réussite. ».
Quel que soit votre rôle, l’important est donc de montrer au recruteur comment vous avez apporté votre pierre à l’édifice. Soyez le plus factuel possible dans vos explications. Cela évite de paraître arrogant, car les faits parlent toujours d’eux-mêmes.

Attention avec le « on » !

Évitez d’utiliser le « on » dans l’explication de vos réussites à un recruteur. Ce pronom peut tout autant être assimilé à de l’arrogance qu’à un excès de modestie. Dans le premier cas, son utilisation va donner l’impression que vous voulez tirer la couverture à vous dans un projet où vous avez peut-être joué un rôle mineur. À l’inverse, vous pourriez renvoyer l’image d’une personne trop humble, qui survalorise le collectif, au détriment de son réel apport individuel.

* 365 jours pour prendre soin de moi, Gilles Payet, édition ESF.