
La révolution du numérique est en marche. Selon une étude publiée par Dell et l’Institut pour le futur, 85% des emplois de 2030 n’existent pas encore. L’intelligence artificielle ou la robotique vont non seulement transformer en profondeur les métiers existants mais en créer de nouveaux, dont on peine encore à dessiner les contours, comme les éthiciens ou les psydesigners.
Certains métiers de demain sont toutefois déjà une réalité. Roboticien, data scientist, pilote de drone civil, imprimeur 3D, BIM manager…. Les entreprises s’arrachent ces profils rares qui concernent beaucoup de secteurs professionnels.
Nombre de ces métiers sont accessibles à des titulaires de diplômes de niveau bac + 2 (BTS, DUT) ou bac + 4/5 (master, titre d’ingénieur) mais pas seulement...
10 000 formations aux métiers du numérique
Comment se préparer à ces métiers et prendre le train en marche ? Le 5 avril 2018, dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences, le gouvernement annonçait la mise en place de 10 000 formations aux métiers du numérique, proposées aux populations éloignées de l’emploi : décrocheurs scolaires, demandeurs d’emploi, seniors en voie de reconversion… Ces formations visent à orienter des personnes de niveau bac ou inférieur vers les métiers du développement web, de la maintenance, de l’exploitation ou encore de la sécurité, parmi la diversité de secteurs de plus en plus soumis à la transformation et aux compétences numériques.
À l’origine de ce programme, Pôle emploi travaille aux côtés de la Grande école du numérique, qui labellise les écoles de code dispensant ce type de formations. Pour répondre au besoin et face au succès du programme, celui-ci est reconduit pour l’année 2023 et concerne entre 2 200 et 2 400 entrées, pour atteindre près de 7 800 entrées sur la période 2021-2023.
Au 1er janvier 2023, 5 800 formations ont d’ores et déjà été dispensées aux publics ciblés. Pour les entreprises, les 10 000 formations au numérique sont l’opportunité de recruter un nouveau collaborateur à l’issue de la formation, grâce à laquelle il aura développer de nouvelles compétences. Une démarche gagnant-gagnant pour les entreprises et les demandeurs d’emploi. « Le numérique est un secteur particulièrement inclusif, il permet de belles trajectoires individuelles, même pour ceux qui sont sortis sans diplôme du système scolaire. Le « raccrochage » de jeunes décrocheurs ayant une forte appétence pour le digital a déjà démontré des reconversions individuelles réussies », estime le Conseil d’orientation pour l’emploi.
L’avenir est aux esprits agiles
Transformation numérique des entreprises oblige, la demande pour ce type de profil est particulièrement soutenue. Selon la dernière enquête Besoins en main d’œuvre (BMO) de Pôle emploi, les informaticiens se classent à la deuxième place dans le top 15 des métiers en tension, juste derrière les aides à domicile et les aides ménagères.
Au-delà du diplôme, exercer un métier dans le numérique nécessite d’adopter un état d’esprit agile. Les technologies évoluant sans cesse, il faut se remettre en cause en permanence et acquérir de nouveaux savoirs. « Il faut apprendre à apprendre », comme le souligne le chasseur de têtes Jacques Froissant (lire encadré).
Au-delà de la formation initiale et des expériences professionnelles mentionnées sur un CV, la personnalité du candidat et ses compétences comportementales (la capacité à travailler en groupe, la résistance au stress…) entrent en ligne de compte. Les esprits curieux ont tout l’avenir devant eux.
Le point de vue d'un expert
« Il faut apprendre à apprendre »
Jacques Froissant, PDG du cabinet de recrutement Altaïde.
« La révolution provoquée par le numérique est aussi importante que la révolution industrielle. Pour s’adapter à la nouvelle donne, les professionnels devront faire preuve d’une grande agilité et se former tout au long de leur vie.
Dans les années 1960, 1970, ou 1980, la formation initiale vous mettait sur les rails d’un parcours professionnel tout tracé d’avance.
Aujourd’hui, quand j’interviens en école, je fais passer le message aux jeunes diplômés : dans dix ans, vous exercerez très différemment le métier auquel vous vous destinez. C’est d’autant plus vrai que vous évoluez dans le numérique. Cinq ans dans le digital équivalent à dix ans dans l'industrie.
Il faut apprendre à apprendre. Si vous restez figés sur vos acquis, vous reculez. Ce n’est pas qu’un phénomène générationnel. Je rencontre des actifs de 50 ans qui ont pris le tournant du digital d’eux-mêmes, en s’autoformant, en assistant à des conférences.
Depuis 30 ans que je fais ce métier, j’ai toujours recruté les candidats sur leur personnalité. Mais, avec la transformation numérique en cours, les compétences comportementales comme la curiosité, la capacité à travailler en mode collaboratif prennent une importance accrue. »